Monday 6 October 2008

Marathon de la Côte d’Amour

Une heure du matin, un volet mal fermé claque violemment contre le mur de la chambre des enfants. Troisième réveil de la nuit encore jeune (et pas le dernier) mais première annonce du temps qui m’attend pour mon marathon 8 heures plus tard. Au réveil : pluie, vent soutenu, un peu de pluie pour remplir les trous entre les gouttes et quelques rafales annoncées de 75km/h – un bon marathon pour les Bretons ! Au moins comme ca je ne suis pas stressé par le temps, MON temps, les 3h45 qui je visais pour ce marathon qui sera mon deuxième. Si je fais moins de 4h par un temps pareil ce sera quand même une belle amélioration sur mes 4h33 de l’année dernière à Paris. Je réaliserai sur la ligne de départ que j’ai machinalement rangé mon papier avec mes temps de passage, mon papier soigneusement plastifié d’ailleurs, dans mon sac avant de quitter la maison – en rétrospective ceci était une sage décision (inconsciente) car mes retards au fil des kms m’auraient stressés…

Ma femme me dépose à la zone de départ au Croisic, j’enfile un poncho, je garde mon jogging et ma polaire jusqu’au dernier moment, et je me dirige vers l’abri de l’Intermarché ou je fais la rencontre d’un Kikou : Patate, qui faisait le relais et un de ses copains qui je recroiserai sur le marathon. Je me sens bien attaqué par les éléments jusqu’à ce que je m’aventure un petit peu et la je réalise que j’étais bien à l’abri tout de même.

J’ai rendez-vous ici avec L’Ourson, La Tortue et Le Paresseux. L’Ourson et La Tortue sont la en balade et Le Paresseux est inscrit comme moi. On se retrouve parmi les gouttes et les rafales et nos deux promeneurs nous font part de leurs expériences et déroule le planning de leur soutien plus que précieux. Ils vont faire les premiers 5-6 km avec nous avant de filer à la voiture pour nous retrouver aux Marais Salants et faire le relais pour nous accompagner jusqu’à la fin. C’est ma première rencontre de Kikoux et on papote un peu avant de gagner les « sas » de départ – drôlement sympas ces créatures et on est toujours en train de discutailler quand le départ est annoncé et que voila c’est parti sans que je réalise trop ce qu’il se passe. On est au fond du sas 3h45 pour partir à un rythme cool malgré le faite que L’Paresseux est excité comme une puce car il a hâte de plonger dans le vif de son premier marathon J

La Tortue et L’Ourson nous freine dans la frénésie du départ et le premier km passe en 5:49, en suite on accélère et on se cale dans les pas de nos guides car ils nous protègent du vent. On tourne à 5:15/5:20 jusqu’au premier ravito ou je me fais légèrement taper sur les doigts par la Tortue car je ne marche pas assez vite en buvant – avec une pause pipi en plus j’ai perdu 45 secondes… Je ne chasse pas trop le temps mais L’Ourson et L’Paresseux ont pris de l’avance et on met 2 bons kms à les rattraper. A ce moment on passe devant mon fan club : ma femme, mes enfants et nos copains qui nous supportent du confort de leur canapé car la course passe dans leur rue au bout du quel nos GO nous quittent pour nous retrouver plus tard.

On refait un petit tour du Croisic avant de retrouver la Côte Sauvage qui, pour une fois, porte bien son nom avant de tourner le dos au vent et rentrer dans les Marais Salants.

Ces premiers kms des Marais sont les plus faciles du marathon, sur la côte on tournait aux alentours de 5:25 mais les 3 premiers kms on avait le vent qui nous poussait et une descente (pas de quoi travailler la technique, mais une descente quand même !) et on avait une moyenne de 5:05. On passe le semi en 1h53 et on est en bonne forme. J’ai 2 minutes de retard sur mon planning mais 2 minutes d’avance sur les recos de la Tortue et je ne me rends pas du tout compte.

Au ravito des 24km ont prends un virage de 180° et le vent change… assez rapidement on se regroupe avec 4, puis 6, puis 8-10 autres coureurs et on tourne pour que y’en a que 2 qui ont le vent de face. Avec cette tactique on roule à 6:00 au kilo et on n’est pas trop cassé mais mes cuisses sont un peu dures à la sortie des Marais Salants tout de même et je redoute le Mur qui approche peut être – il était au 39ème pour moi la dernière fois mais mes cuisses m’inquiètent…


Un ou deux kms après je recroise ma famille coincée dans les embouteillages, la deuxième fois depuis la sortie du Croisic. On avance presque plus vite à pieds qu’on voiture. Quelques hectomètres plus tard on aperçoit 2 casquettes rouges agitées furieusement dans l’air avec 2 zanimoss frigorifiés au bout. Apparemment ils connaissent mieux les raccourcis que ma femme et ca fait un bon moment qu’ils nous attendent. Leur mission, qu’ils ont décidés d’accepter, sera de nous mener en haut d’une redoutable colline avec un D+ de 5m (c’est beaucoup cinq non ?) et le vent en pleine tronche, après les Marais leur écran est fort apprécié, à tel point qu’on est vite rejoint par notre petit train des Marais Salants et on doit faire une drôle de procession.

Je n’avais pas réalisé à ce moment mais ma femme était inquiète pour mon objectif secondaire de 4h00 car elle me croyait plus de 10 minutes de retard en réalité on avait 4 minutes de retard sur notre objectif principale de 3h45 mais on avait oublié ca depuis longtemps. L’Ourson nous quitte pour rejoindre la voiture, rdv sur le pont du Pouliguen (avec un petit coucou de passage) et c’est la Tortue qui nous hisse en haut du dernier faux plat avant le Pouliguen et nous remonte le morale en annonçant que notre objectif est en vue si on tourne à 5:00 jusqu’à la fin tellement on a accéléré. Je suis réjoui d’entendre ca mais je n’y crois pas trop car mes souvenirs de mon 39ème à Paris sont encore vifs.

L’Ourson prend le relais avec des instructions de nous porter à la fin sur un rythme de 5:00 / 5:10 et on part de bon pas pendant que La Tortue file à l’arrivée. 4 minutes 50 et un km plus tard L’Ourson avoue qu’il n’est pas meneur d’allure de métier et tente de nous ralentir mais on est pris dans la course et on ramasse les cadavres qui ont tout donnés dans les Marais (merci surtout pour ce conseil !).


Au 37 je tente une accélération, les autres me laissent partir mais L’Paresseux me rattrape moins d’un km plus tard avec son petit sourire en coin qu’il me refera à ma prochaine tentative d’indépendance avant de me larguer pour la fin. Les 39km arrivent, un petit moment de doute pendant que je comptabilise – pas trop mal aux genoux, les cuisses un peu dures, le souffle ca va, ma FC a monté au dessus de 90% pour la première fois, je me sens bien dans ma tête – mais je valide et on continue à accélérer, 4:52, 4:50, 4:48, 4:47 au 40ème. Je commence à souffrir et je pioche dans mes réserves mais L’Paresseux à l’air bien et on accélère encore, 4:32 et 4:30 pour finir à plus de 14km/h – on a perdu L’Ourson en route mais la Tortue est avec nous sur ce dernier km et nous encourage « Lève tes genoux, bouge tes bras, bouge tes fesses !!! », j’arrive au dernier rond point pour revenir 195m en arrière et je pointe à 14,2km/h avec le vent en face, je peine à lever les genoux, je vois L’Paresseux qui est presque à l’arrivée et il finit 30 secondes avant moi en 3h43 et je franchi la ligne en 3:43:57 !! Je regarde ma montre une deuxième, puis une troisième fois car j’y crois pas trop que j’ai réussi mon objectif principal, je compare avec L’Paresseux et il confirme – on l’a fait :-D

Je suis ravi d’avoir fait mon temps de 3h45 que je n’aurai pas pu faire sans l’aide précieuse de la Tortue et de l’Ourson et je suis surtout content d’avoir rencontré de tels Kikoux formidables. Merci d’être venu nous accompagner et de nous avoir hissé jusqu’à la fin, c'était vraiment exceptionnelle.